Ceux qui sont sortis des universités ou des cégeps au début des années 80 le savent. Il est plus facile de trouver un emploi maintenant, alors que les baby-boomers prennent leur retraite, le chômage est faible, les taux d’intérêt sont bas et l’économie du Québec tient le coup qu’au temps de Sinéad O’Connor : «Nothing Compares».

Depuis 20 ans, sondage après sondage auprès des chefs d’entreprise, la tendance se confirme. Il est de plus en plus difficile de trouver des compétences spécialisées, surtout des compétences techniques. C’est très différent en France et dans plusieurs juridictions européennes où c’est l’employé qui en arrache pour se trouver du boulot.

Il y a certes une question de rémunération à considérer dans une stratégie d’attraction de main d’oeuvre. Certains économistes affirment même que l’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi n’existe pas. Le salaire peut toujours compenser pour une rareté de compétences. C’est une simplification du marché du travail qui peut fonctionne lorsque le chômage est élevé et que la main d’œuvre est disponible. Cette conception peut s’avérer dysfonctionnelle dans les conditions contraires : diminution de la population active, faible nombre de diplômés dans les secteurs en demande, environnement de travail difficile, etc.

Pour attirer des talents et plus particulièrement des compétences techniques, au-delà des moyens traditionnels comme les horaires flexibles, les garderies en milieu de travail, le co-voiturage, l’entreprise santé, les employeurs investissent de plus en plus dans la formation de leurs employés. Ils adaptent aussi leurs processus de sélection pour tenir compte des profils atypiques.

Le copier coller de l’affichage antérieur ne fonctionne plus pour les postes-clés. L’analyse des cv ne se limite plus à trouver le candidat qui a occupé pendant plus de trois ans un poste similaire dans une organisation concurrente. Pour les programmeurs, les gestionnaires les plus audacieux sautent l’exigence du diplôme pour évaluer le portfolio des réalisations. Dans bien des cas, ils trouvent, non pas seulement le candidat conforme mais la perle, qui est stimulée par les nouveaux projets et qui demeure, au quotidien, motivée par son travail.

Difficile de trouver des talents ? Oui, mais le défi est stimulant. Il porte en lui-même le renouvellement des pratiques de gestion des ressources humaines. Les processus traditionnels ne sont plus garants de réussite. À l’ère de la révolution numérique, il faut  se rendre à l’évidence, les humains ne sont pas des machines. Paradoxalement, pour recruter des talents, il faudra devenir créatif.