Deux chercheurs de l’université d’Oxford, Benedict Frey et Michael Osborne, affirmaient en 2013 que «47% des emplois aux États-Unis présenteraient un risque élevé d’être automatisés au cours des dix ou vingt prochaines années».[1] Ils annonçaient presque la disparation de près de la moitié des emplois. S’il est indéniable que la technologie a des impacts sur les emplois et sur le marché du travail, d’autres chercheurs ont depuis, exprimé des opinions contradictoires.

Robert Gordon de Northwestern University[2] est loin de partager le même pessimisme que les experts britanniques. Pourquoi, par exemple, malgré le pilotage automatique, on exige toujours un pilote et un co-pilote dans l’aviation civile ? Parce que la réglementation l’impose. Plusieurs avaient aussi prédit la disparition des commis-caissiers (ières) dans le commerce de détail ou dans les banques. Il y a certes des millions de transactions qui s’effectuent dans les guichets automatiques ou par Internet mais on est encore loin de l’hécatombe annoncée.

Ce qui arrive plutôt que la disparition, c’est la transformation des emplois. Dans plusieurs secteurs, au Québec, vu le taux de chômage peu élevé, on parle plutôt de rareté de compétences. De quelles compétences ? Les professions suivantes sont déjà fortement recherchées.

  • Infirmières ; il en manque actuellement 8 000 au Canada, 1 500 dans le Grand Montréal ;
  • Gestionnaires de projet ;
  • Scientifiques de données ;
  • Analystes financiers ;
  • Programmeurs et analystes en informatique.

Sur les 600 professions classifiées selon le Code national des professions (CNP), les experts s’entendent pour dire que l’expertise nécessaire à la pratique professionnelle changera fortement dans les dix prochaines années, nécessitant des formations d’appoint ou des formations adaptées au changement. Un diplôme pour toute la vie ? Qu’on soit médecin, machiniste ou programmeur, l’avenir exigera d’apprendre en continu. La réussite professionnelle dépendra autant des compétences que des appétences : les habiletés pour apprendre et bonifier son expertise tout au long de son parcours.

[1] Source: The future of Employment: How susceptible are Jobs to Computerisation. Carl Benedict Frey et Michael Osborne. Université d’Oxford. 2013.

[2] «Why Robots will not decimate human Job?» Robert J. Gordon. Northwestern University. 19 novembre 2016.